Thierry Mortamais : Sandrine Bauer,vous êtes auteure et comédienne. Pouvez-vous vous présenter à ceux et celles de nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?
Sandrine Bauer : Je suis en effet comédienne et auteure lyonnaise. J’ai commencé dans l’écriture avec « La Liquidation » en 1996, et depuis j’ai écrit une douzaine de pièces parmi lesquelles « J’ai pas rêvé longtemps » ou « Le Poteau noir ». Et tout récemment j’ai écrit « L’Affaire Oedipe  » qui va être jouée à l’Espace 44 du 2 au 12 avril prochain.

TM : Comment passe-t-on de comédienne à auteure ? D’où est venue cette bascule vers l’écriture en 1996 ?
SB : Depuis petite je me suis intéressée à l’écriture et particulièrement l’écriture théâtrale en devenant comédienne. Cela m’a paru logique de passer de la scène à l’écriture pour la scène. A l’époque, en fait, le jeu ne me suffisait pas. C’est toujours le cas d’ailleurs.

TM: Être de part votre vie privée déjà au sein d’un lieu de création, l’Espace 44, vous a-t-il aidé à faire jouer vos pièces ? Je rappelle que vous êtes l’épouse du directeur du théâtre, André Sanfratello.
SB: En fait, j’ai d’abord écrit ‘La Liquidation » et ensuite j’ai rencontré André. Je suis allée le voir avec ma première pièce sous le bras. Il m’a proposé d’en faire une lecture publique. Ayant beaucoup apprécié la pièce, il m’a proposé ensuite d’en faire la mise en scène. Les choses se sont enclenchées comme ça.

TM: Parlons de votre dernier texte : « L’Affaire Oedipe ». D’où vous vient cette passion pour l’Antiquité et la tragédie grecque ?
SB: Dès le collège, je m’y suis intéressée grâce à Ulysse et l’Odyssée. J’ai même, en quatrième, choisi le grec classique plutôt que le latin. Plus tard, j’ai repris le mythe d’Orphée dans une pièce écrite en 1998. J’aime bien explorer les mythes et les mettre dans la lumière d’une époque. Là, en l’occurrence, avec Oedipe, c’est la nôtre dans une vingtaine d’années. Vous savez, les grecs avaient déjà tout compris de l’être humain, il y a 2000 ans. L’Homme n’a depuis que peu évolué.

TM: « L’Affaire Oedipe  » est écrite comme un polar ?
SB: Oui, tout à fait. J’avais travaillé avec la Compagnie des Trois-Huit, en 1998, autour de la figure du personnage d’Oedipe et j’avais découvert l’adaptation de l' »Oedipe Roi » de Sophocle par Didier Lamaison qui en avait fait un véritable polar puisque son texte est paru dans la collection « Série Noire’ chez Gallimard. Le texte-même de Sophocle est peut-être le premier polar de l’Histoire puisqu’on y voit Oedipe enquêter sur la mort de Laios.

TM : Dans votre pièce, le personnage d’Oedipe arrive dans un commissariat, les yeux arrachés, et trois policiers vont enquêter pour remonter le fil de son histoire ?
SB: Au départ, oui. Un homme aux yeux arrachés, tenant des propos qui, de prime abord, n’ont pas beaucoup de sens. Ces propos se comprendront au fil de la pièce. Pour les spectateurs qui ne connaissent pas du tout l’histoire d’Oedipe, ce sera l’occasion de la découvrir. Pour ceux qui la connaissent, ils vont se retrouver dans la peau des téléspectateurs de « Columbo ». En effet, dans cette célèbre série, assassin et victime sont connus dès le début de l’épisode et tout réside dans la façon dont le lieutenant va démêler les fils de l’intrigue pour résoudre l’énigme. Ici ce sera un peu la même chose.

TM : Il y a aussi dans cette pièce une importance très forte de la vidéo. Pourquoi ?
SB : Parce que, déjà, nous vivons dans une époque où la technologie règne en maître. Ensuite je voulais faire intervenir le devin Tirésias sous forme de logiciel. C’est aussi un moyen de faire intervenir par écran interposé tous les personnages qui ont traversé la vie d’Oedipe. La vidéo sert donc à interroger le passé.

TM : Est-ce que vous pensez déjà à votre prochaine pièce ?
SB : Oui, je suis en train d’écrire un monologue pour un comédien, écriture que j’ai mise en pause. En fait, c’est André qui a insisté pour que j’écrive cet Oedipe en mode polar, on peut presque parler d’une commande. Mais, dès le 13 avril, je sais que je vais retourner à l’écriture de mon monologue.

 

L’AFFAIRE OEDIPE de Sandrine BAUER

avec Thierry MORTAMAIS, Sandrine BAUER, Quentin METROP, Pierre-Alexandre TERPEAU, Irina LYTIAK, Julie MOLINA, Sandrine GELIN, Brigitte CHAMBON, Jacques PABST, Pierre BIANCO, Charles LASRY, Lorenzo SANFRATELLO, Marjane CASANOVA et la voix de Hélène GROSSO.
DU 2 AU 12 AVRIL 2020 A L’ESPACE 44, 44 rue Burdeau. 69001. LYON.
RÉSERVATIONS AU 04 78 39 79 71.